vendredi 15 juin 2012

La politique Ivoirienne face aux défis des nouvelles technologies


Alors qu'elles sont de plus en plus ancrées dans les sociétés dites modernes, les nouvelles technologies ont fini par influencer et faire évoluer la définition de l’analphabétisme. Est considéré au troisième millénaire, comme analphabète, non plus seulement celui qui ne sait ni lire ni écrire mais aussi celui qui n’a aucune connaissance en matière de nouvelles technologies. Partant de cette définition, on peut aisément se faire une idée du nombre ahurissant d'analphabètes en Côte d'ivoire. Mariage de l’informatique, des télécommunications et de l’audiovisuel, les technologies de l’information et de la communication reposent largement sur les techniques de l’internet et constituent l’un des vecteurs essentiels de la réussite de la politique de développement d'un pays, du fait qu’elles accompagnent et soutiennent la croissance et le développement de tous les autres secteurs de l’économie nationale. Malheureusement en Côte d’ivoire, tout ce qui n’a pas trait à l’intimidation, la traque, l’arrestation et à l'assasinat des pro-Gbagbo n’est pas une priorité pour le pouvoir Ouattara et n’entre naturellement pas dans son champ d'action. Existe-t-il réellement une politique ivoirienne en matière de nouvelles technologies ? Combien d’Ivoiriens ont-ils, une fois dans leur vie, "pianoté" ? Ces interrogations paraissent métaphysiques pour le commun des Ivoiriens déjà affamés et terrorisés par dix années de supplice. Pourtant, en la matière, ce n'est pas la volonté politique qui a fait défaut. Déjà, en 2004, à l’initiative de la présidence de Laurent Gbagbo, le projet de réalisation de la première zone franche dénommée vitib (Village des Technologies de l’Information et de la Biotechnologie) et dédiée à la biotechnologie et aux nouvelles technologies de l’information et de la communication a été lancé. Ce projet, amorce d'une véritable politique en matière de nouvelles technologies, a été pensé et mis en œuvre par des scientifiques ivoiriens avec à sa tête Monsieur Vincent Kragbé Gadou. Ce paradis technologique pour concepteurs, fabricants, assembleurs de produits informatiques, sociétés de télécoms, d’audiovisuel ou de biotechs, localisé à Grand-Bassam avait été bien accueilli par le monde technologique. Selon ses promoteurs, la zone franche devait accueillir au cours des cinq premières années 100 entreprises, induire sur la période la création de plus de vingt mille emplois et générer un chiffre d’affaires de 600 milliards de francs CFA. Aujourd’hui, avec le départ de l’ancien régime, ce projet ivoirien a été inhumé par l’économiste de Kong et ses thuriféraires. Aucune politique en matière de nouvelles technologies, adaptée au développement économique et social n’existe en Côte d'ivoire. On investit plus dans les sociétés de télécommunications que pour faire du business. Rien n’est pensé et conçu pour l’éducation et la formation. Or, on ne peut éviter la formation pour acquérir, comme par enchantement les nouvelles technologies. Combien y a t-il d’écoles d’ingénieurs de pointe formant des électroniciens et des concepteurs de logiciels capables de rivaliser avec les grandes écoles européennes ou asiatiques ? Naguère pôle d’excellence de la sous-région et fleuron de l'intelligence scientifique ivoirienne, l’Institut National Polytechnique de Yamoussoukro n’est plus que l’ombre de lui-même. Il est de notoriété publique qu’on ne peut nier l’apport incontournable des nouvelles technologies. Tous les domaines d’activités sont concernés dont le plus sacré est l’éducation. L'alpha et l'oméga. L’utilisation des nouvelles technologies met en valeur les opportunités d’acquisition de connaissances. Elle facilite l’enseignement, la recherche scientifique et les échanges dans et entre les universités. A cet effet, la vulgarisation de ces technologies devrait être actuellement une des priorités pour notre système éducatif car elle permet non seulement de donner aux futurs responsables la maîtrise des nouveaux outils de communication qui leur seront indispensables, de mettre les richesses du multimédia au service de la modernisation pédagogique mais aussi de mettre ces outils à la disposition des élèves et étudiants. Que reste-t-il de l’école ivoirienne étranglée depuis plus de deux décennies par les politiques ? En ayant congestionné quatre générations de bacheliers aux portes de l’université, Alassane Ouattara a créé les conditions d’une déstabilisation du système scolaire qu’il faudra plus d’une génération pour juguler. Comment comprendre que des chercheurs et enseignants émérites sont invités à faire leurs recherches dans les goulags internes ou en exil quand ils ne sont pas éliminés ?
Pis, après les centres de concentration, un nouveau phénomène particulièrement glauque,  le harcèlement des cybercafés est en train de voir le jour à Yopougon. Les cybercafés sont désormais dans la ligne de mire de Jack l'éventreur. Ouvrir sa page facebook, dans un de ces lieux, est désormais un crime passible de la mise à sac, de la fermeture du cybercafé puis de la conduite de ses occupants vers une destination inconnue. Pour le chouchou de la communauté internationale et ses cerbères, les comptes facebook sont un canal de connexion avec tous les exilés politiques donc une arme de déstabilisation de son régime dictatorial. La Côte d’ivoire n’est plus normale. Aujourd’hui, les Ivoiriens sont unanimes à reconnaître que la promesse exhibée pendant la campagne électorale de faire de la Côte d’ivoire un pays émergent n’est que de la poudre de perlimpinpin. L’hurluberlu de Kong, excepté l’endettement, ne peut rien apporter à la Côte d’ivoire. En une année de gestion du pouvoir le bilan est implacable. Chaotique. Le moins que l’on puise dire c’est que Alassane Ouattara a enseveli vivante la Côte d’ivoire intellectuelle et qu’une véritable politique en matière de nouvelles technologies n’est pas pour demain. Kephren Neruda

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