Pensée,
rêvée et raisonnablement voulue, la réconciliation, marche-pied de
toute cohésion sociale et sociétale, doit être dépourvue de
machiavélisme. De Seydou Elimane Diarra à Charles Konan Banny, notre
pays, nous serine-t-on, est en quête de retrouvailles pacifiques avec
lui-même. Mais à chaque fois, les Ivoiriens se rendent compte amèrement
qu’ils tombent de Charybde en Scylla.
A constater la putréfaction actuelle de la société Ivoirienne puis le
mensonge courant des éléments du marigot politique dans lequel elle
patauge, l’on est en droit de se demander s’il existe un capitaine dans
le navire Ivoirien de la réconciliation. Panser
les plaies d'une décennie tourmentée en Côte d'Ivoire, c'était
l'objectif de la Commission dialogue, vérité et réconciliation (CDVR)
assigné à l'ex-Premier ministre Charles Konan Banny. Un an après, il est
de notoriété publique que le
processus de réconciliation claironné par la vigie ethniciste n’est
point sur les rails. En la définissant de façon succincte, la
réconciliation suppose l'appel à une même table de deux personnes
brouillées où de deux clans antagonistes. En Côte d’Ivoire, il s’agit
dans le meilleur des cas de rapprocher la majorité des Ivoiriens
meurtrie par dix années de guerre et leurs bourreaux venus du Nord du
pays puis de la sous région sahélienne. Des bourreaux commandés en
sous-main par la Sarkozie aigüe, celle qui voit en l'Homme Noir et en sa
femme des ombres quelconques. A l’aune de l’actualité Ivoirienne, l’on
s’aperçoit tout de suite que l’ex-gouverneur de la BCEAO est aux
antipodes de l’objectif initial fixé car il ne peut, conformément à la
volonté de son Maître élyséen, réconcilier sa patrie et ses frères
Ivoiriens. Impuissant, le "jabot" rempli du nauséabond fluide
françafricain, n’a-t-il pas lui-même affirmé que « les Ivoiriens se réconciliaient déjà entre eux ?» Les
exemples trahissant les différents manquements de Konan Banny et son
cynique objectif qui est de continuer de diviser les Ivoiriens ne
manquent pas. En exacerbant la haine entre les fils et filles de notre
cher pays, en classifiant lui-même les groupes de peuplement ivoirien
par catégorie supérieure et inférieure, en prenant fait et cause pour
les détraqués sexuelo-égorgeurs de la DST dans sa version chère à
Alassane Ouattara...Konan Banny a pris le parti , à l'instar de Seydou
Diarra, de tuer ce qu'il nous reste d'unité. Lorsque le meeting du FPI du 21 janvier 2012 à la Place Figayo de Yopougon a été réprimé dans le sang par les Frci, d'anciens
miliciens et anciens gardes du corps du couple Ouattara, le
réconciliateur national qu'il est censé être s’est muré dans un silence
de cimetière. Pis, dans la nuit du 24 au 25 décembre, une
banale dispute entre un élément des mêmes forces tribales et un jeune
autochtone Abidji a entraîné une bagarre meurtrière. Le bilan total de
ces affrontements a été de 4 morts. Ici encore, le réconciliateur
national a préféré mettre sa commission en mode silence. C’est
quotidiennement que les populations Ivoiriennes vivent la violence de la
gestapo, version Ouattara. Jamais cela n’a suscité une molle
condamnation de la Commission dialogue, vérité et réconciliation . Les
arts injustes de Banny bouche cousue sur toutes ces violations massives
des droits de l’homme ont achevé de convaincre plus d’un Ivoirien qu’il a
revêtu depuis belle lurette les étriqués boubous de la rébellion. En
Eburnie, par souci de pédagogie, il est impérieux de rappeler au
professeur Tournesol Banny que la réconciliation, la vraie, est
subordonnée à trois conditions cumulatives. Premièrement, la libération
du Président Laurent GBAGBO et de tous les militants déportés dans des
goulags internes. Deuxièmement, le retour de tous les exilés comme
l’exige l’article 12 de notre loi fondamentale d’autant plus que « La Côte d’Ivoire supérieure vit en exil et le pays vit en ce moment avec la partie inférieure » comme
le constate remarquablement le rédacteur en chef du Gri-Gri
International, Grégory Protche. Troisièmement enfin, l’ouverture d’un
réel dialogue politique entre le pouvoir usurpé et l’opposition
significative incarnée par le FPI. Ce ne sont qu’à ces conditions
seulement que notre pays pourra amorcer sa véritable marche sur le
chemin de la paix. Ni les rhapsodies, ni les incessants recours aux
divinités ancestrales n'aideront à tricoter le tissu social Ivoirien qui
ma foi, est en lambeaux. Les slogans gouvernementaux fredonnés par
quelques pieds nickelés ou encore les génuflexions scénarisées et autres
carillons médiatiques n' y changeront quelque chose. Parce que Banny
s'est banni tout seul du coeur des ivoiriens et ce, en bannissant le mot
réconciliation de son vocabulaire. Non,
il est une évidence; Charles Konan Banny ne peut créer les conditions,
ne serait-ce que d’une réconciliation transgénique en Côte d’Ivoire. Son
parrain, l'autre, celui qui a bombardé le palais présidentiel,
l'esclavagiste qui a créé la rébellion et qui s'est enrichi sur le dos
des ivoiriens est en train de le surveiller comme du lait sur le feu,
car il s'est courbé dès sa naissance. N'ayant su dire non à toutes les
formes de soumission lorsqu'il a exercé la parole pour la première fois
de sa vie, Konan Banny s'est disqualifié. Tout seul. Pour sûr,
les Ivoiriens ayant compris , ils l'ont d’ores et déjà rejeté Banny le
réconciliateur-rebelle avec l’eau vaseuse du bain de sa matoiserie. Au
demeurant, nous savons qu’avec l’arlequin de la "Ouattarandie", la
réconciliation nationale ressemble fortement à l’Arlésienne. Et Banny le
banni en est conscient malgré ses gesticulations. Kephren Neruda
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire